2016/21: Les heures souterraines, Delphine DE VIGAN

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Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les heures souterraines, qui fut finaliste pour le prix Goncourt, est un roman vibrant sur les violences invisibles d’un monde privé de douceur, où l’on risque de se perdre, sans aucun bruit.

Il est difficile de parler de ce livre et dire ce que j’en ai pensé sans dévoiler l’issue de l’histoire.

Tous les jours, Mathilde prend le métro et le RER, emprunte le même chemin, les mêmes couloirs, monte dans le même train bondé. Chaque jour, elle va pointer, à la même heure, dans une entreprise où elle n’est plus la bienvenue. Où elle n’est plus attendue, où elle n’a plus rien à faire. Parce que depuis quelques mois, insidieusement, son responsable a décidé de l’enterrer.

Thibault, lui, est médecin aux Urgences Médicales. Chaque jour, il monte dans sa voiture et parcourt Paris. Chaque jour, il affronte la ville pour venir au secours des autres. Chaque jour, il se confronte aux petites ou grandes maladies, aux solitudes. Thibault est pris dans le marasme d’une relation dans laquelle il ne peut s’épanouir.

Tout au long de ce récit, on assiste à la lente descente aux enfers de ces deux personnages tellement attachants. Leur quotidien  se délite, devient tellement pesant qu’ils suffoquent. Tout au long de ce récit, on attend la rencontre qui, se dit-on, est inévitable; ces deux destins doivent forcément se percuter à un moment. Parce que ces deux solitudes, ces deux douleurs doivent se confronter, on attend qu’ils partagent leurs angoisses et leurs attentes. Deux êtres au bord de la dépression, harassés, presque terrassés par leur vie, dans l’attente de cette petite étincelle d’espoir qui ravivera la vie, le bonheur, le désir.

Cette attente soutient  et porte tout le récit. J’ai attendu impatiemment de savoir comment et ce qui en découlerait. Bien sur je n’en dirai pas plus, sinon la lecture de ce livre riche et passionnant n’aurait plus d’intérêt.

Un joli roman, très bien écrit. J’aime beaucoup l’écriture fine de Delphine de Vigan. Très vite lu tellement il est difficile de s’en arracher.

« Emporté par le flot dense et désordonné, il a pensé que la ville toujours imposerait sa cadence, son empressement et ses heures d’affluence, qu’elle continuerait d’ignorer ces millions de trajectoires solitaires, à l’intersection desquelles il n’y a rien, rien d’autre que le vide ou bien une étincelle, aussitôt dissipée. »

 


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