Archives de Tag: roman court

2019/32: Les choses, Georges PEREC

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Sylvie et Jérôme, jeunes psychosociologues de classe moyenne, cultivent une idée matérialiste du bonheur, à laquelle ils s’asservissent… au risque de se laisser happer par le vertige des choses. Dans ce livre culte, Georges Perec dresse avec une redoutable justesse le portrait d’une génération prise dans le balbutiement des années 1960.

Le bonheur réside-t-il dans les choses que l’on possède?

C’est bien là toute la question.

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2018/17: Luz, Marin LEDUN

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Premier dimanche des vacances d’été. Luz claque la porte de chez elle, furieuse après ces adultes qui restent à table jusqu’au milieu de l’après-midi, qui rient et qui boivent trop. Légèrement grisée par le soleil brûlant, l’adolescente gagne les rives de la Volte où se prélassent des groupes de baigneurs. Elle rencontre thomas, un élève de troisième qu’elle connaît peu mais qui lui plaît, accompagné d’une amie. Tous les trois décident de se rendre jusqu’à un point d’eau difficile d’accès, mais beaucoup moins fréquenté. Là où la nature devient dangereuse, les rencontres aussi…

Luz, quatorze ans, part vite de chez elle pour aller se baigner à la rivière, laissant derrière elle les adultes avinés encore attablés dans le jardin, pendant que sa mère et sa tante font la vaisselle et rangent la maison. Elle fuit surtout le voisin, ami de son père, dont le comportement équivoque la met très mal à l’aise. Elle retrouve près de la rivière Thomas et Manon, une élève de sa classe. Une fois installés au fameux point d’eau, au regret de Luz, des amis de Thomas s’incrustent. La bière coule à flot, la jeunesse n’est pas sérieuse… Mais voilà, tout ne va pas se passer comme espéré…

Un roman court (158 pages, Editions J’ai Lu) mais prenant, que je qualifierais de roman à suspens jeunesse. Un roman agréable, qui décrit les incertitudes et les contradictions d’une adolescente en pleine découverte d’elle-même. Luz n’est pas encore capable de gérer le désir qu’elle peut provoquer chez les garçons, mais pourtant son envie de plaire et de séduire la taraude. Comment se donner une attitude cool tout en restant sage? Donner libre court à son envie de liberté et d’émancipation tout en se préservant des mauvaises surprises ou des mauvais comportements? Difficile finalement de céder aux tentations…

Un petit roman intéressant.


2017/72: La femme aux fleurs de papier, Donato CARRISI

La nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic sombre au beau milieu de son voyage inaugural. Un passager descend dans sa cabine de première classe, revêt un smoking et remonte sur le pont. Au lieu de chercher à sauver sa peau, il allume un cigare et attend la mort. En 1916, dans les tranchées du mont Fumo, quatre ans jour pour jour après le naufrage du Titanic, un soldat italien est fait prisonnier. A moins qu’il ne révèle son nom et son grade, il sera fusillé le lendemain. Jacob Roumann, médecin autrichien, n’a qu’une nuit pour le faire parler. Mais le prisonnier veut diriger l’interrogatoire. Sa vie, décrète-t-il, tient à trois questions: Qui est Guzman? Qui suis-je? Et qui était l’homme qui fumait sur le Titanic? Dans ce huis clos se noue alors entre les deux ennemis une alliance étrange autour d’un mystère qui a traversé le temps et su défier la mort.

L’action se passe donc en 1916 dans une tranchée. Jacob Roumann, médecin sur le front, est chargé par son commandement d’interroger un prisonnier italien afin d’établir son identité en vue d’un échange. Ce dernier va alors lui conter l’histoire fascinante de Guzman, dont la vie ressemble à un voyage initiatique. Une vie mise en scène magistralement par Guzman lui-même, puis racontée finement ensuite par ce soldat. Cela contribue à en faire une sorte de conte philosophique moderne.

On est ici très loin des habituels thrillers de Donato Carrisi. Absolument rien à voir. Un roman court qui se lit très vite, même si je déplore un petit manque de profondeur, vraiment regrettable vu les remarques et considérations mises en avant notamment sur l’étendue de la bêtise humaine. Un contexte historique très lourd, mais il manque cette tension engendrée habituellement par les scènes de guerre. Je me suis aussi interrogée sur cette obsession de Gyzman pour la tabac.

Une lecture agréable, mais il manque un petit quelque chose.


2017/28: L’aquarelle, Nathalie DE KANIV

Pendant ses vacances en Angleterre, Eileen Wortley ne s’attend pas à retrouver dans cette très vieille librairie  de Canterbury l’aquarelle originale qui orne le salon de sa maison en France. Celle-ci aussi est signée par une mystérieuse aïeule. Et le libraire s’appelle Wortley… Un voyage inattendu à la découverte d’un passé douloureux, caché plus qu’oublié, commence soudain ici. Sa grand-mère qui vit loin d’ici, sa mère muette sur son passé, et ce libraire inconnu: tous détiennent une part de ce mystère familial. Pour sa fille, pour éloigner les ombres de son enfance, Eileen doit enfin percer ce secret: qui est véritablement l’auteur de cette aquarelle?

Tout d’abord, un chaleureux merci à Nathalie de Kaniv et aux Editions Lazare et Capucine pour ce cadeau.

Voici donc Eileen qui accompagne sa fille Alexandra en voyage scolaire en Angleterre. Ce séjour prévoyant une journée à Canterbury, Eileen en profite pour partir à la recherche de la rue figurant sur cette vieille carte postale offerte par son arrière-grand-mère alors qu’elle était enfant. La rue n’a pas changé, même la librairie figurant sur l’image est toujours identique. En en poussant la porte, Eileen va entreprendre un voyage auquel elle ne s’attendait pas. Elle va rencontrer son passé familial.

Parce que dans cette famille, l’histoire familiale est tue, complètement enfouie, par soucis de protection. Cette histoire est pesante, étroitement liée à l’histoire ukrainienne, omniprésente et cachée. C’est le fardeau d’Eileen. Ne pas connaître son histoire, ses origines, lui pèse. Alors, à l’occasion de la découverte de cette aquarelle peinte par son aïeule, Eileen va mener son enquête et aller à la rencontre des siens. A commencer par Adèle.

Adèle, une jeune anglaise belle et cultivée qui va épouser un Ukrainien. Mais voilà, Adèle et son mari vont être rattrapés par l’Histoire, notamment l’indépendance de l’Ukraine. Ils vont connaître la répression brutale et la déportation, laissant leur fille derrière eux. Adèle sera à l’origine de cette lignée de femmes fortes et si fragiles: Adèle, Marie, la grand-mère, la mère, Eileen, Alexandra. Une lignée qui subira les outrages de l’Histoire et qui prendra le parti de taire les tragédies familiales pour protéger leur descendance. Mary maintiendra à sa façon la mémoire des siens dans un contexte particulièrement difficile, et transmettra ce qu’elle pourra. Jusqu’à Eileen qui fera tout pour lever le voile.

Une écriture sobre, élégante, agréable. Un roman court lu d’une traite.

Un bémol cependant: le contexte historique, qui représente une grosse partie de cette histoire, aurait mérité d’être un petit peu plus approfondi. Mais ce roman reste une agréable découverte.

 


2017/24: L’innocence des bourreaux, Barbara ABEL

Dans une supérette de quartier, quelques clients font leurs courses, un jour comme tant d’autres. Parmi eux une jeune mère qui a laissé son fils de 3 ans seul à la maison devant un dessin animé, un couple adultère, une vieille dame et son aide familiale, un caissier qui attend de savoir s’il va être papa, une mère en conflit avec son adolescent… Des gens normaux, sans histoire, ou presque. Et puis un junkie, qui, en manque, pousse la porte du magasin, armé et cagoulé pour voler quelques dizaines d’euros. Mais quand le braquage tourne mal, la vie de ces hommes et femmes sans histoire bascule dans l’horreur. Dès lors, entre victimes et bourreaux, la frontière devient mince. Si mince…

Je te présente les différents protagonistes de ce roman, c’est à dire en gros la première trentaine de pages (sinon tu peux sauter les deux prochains paragraphes):

Il y a d’abord Joachim Fallet, Jo, un jeune homme en manque. Il n’a plus de came. Il a bien tenté d’emprunter quelques sous, de faire la manche. Mais rien. Pas un copec. Alors quelle solution lui reste-t-il pour se payer sa dose?

Il y a Aline Verdoux, 43 ans, mère de Théo, un ado de 15 ans en pleine rébellion contre tout et tout le monde. Surtout contre sa mère. Alors quand celle-ci lui demande lâcher sa console pour aller rendre visite au vieux grand-père grabataire… C’est la crise, qui va virer à la confrontation, puis à la bataille rangée… Il y a Germaine Dethy, 83 ans, une vieille femme en fauteuil roulant. Une « Tatie Danielle » en puissance qui tyrannise son auxiliaire de vie, Michèle Bourdieu, 59 ans, impassible. Faut bien manger et payer les factures, alors Michèle subit sans rien dire, fait le ménage et emmène Germaine faire ses courses. Il y a Léa Fronsac, 27 ans. Léa, elle est un peu dans le coltard… Elle partage la garde de son fils Emile, 3 ans, avec son père. Mais merde! Il n’y a plus de couches! Emile regarde un dvd, la supérette est juste à côté, en 10 mn elle aura fait l’aller-retour et Emile ne se sera rendu compte de rien… Il y a Guillaume Vandekeren, 24 ans. Il est caissier à la supérette, mais c’est son jour de congés. Enfin, c’était. Jusqu’à ce que Camille l’appelle pour lui demander de la remplacer. Il se pourrait bien qu’elle soit enceinte de lui, et elle doit se rendre chez le médecin. Il y a Géraldine Marbeau, 36 ans. elle n’a plus de café pour faire son tiramisu. Elle demande donc à Félix, son fils de 8 ans, d’aller en chercher un paquet à la supérette d’à côté, ça lui fera gagner du temps. Il y a Thomas Piscina, 32 ans, et Sophie Cheneux, 22 ans. Ils sont collègues et se sont offert une petite escapade…

Leurs destins vont se croiser cet après-midi là. Tous seront dans cette banale supérette de quartier quand Jo va y finalement se décider à y entrer. Mais un braquage, ça ne s’improvise pas comme ça… Et les choses ne vont pas tourner comme prévu. Et de fait, la frontière entre victimes et bourreaux est si mince, tellement mince… Si les uns prenaient la place des autres?

Un huis-clos angoissant, tant il pourrait être un fait divers, de ceux que l’on nous relate trop souvent. Une tension qui porte sur les nerfs, où l’on sent qu’un drame va se jouer, sans vraiment savoir lequel. C’est l’instant où une vie d’une banalité affligeante peut basculer dans l’horreur la plus complète. Quelques secondes… Être au mauvais endroit au mauvais moment… La guigne, quoi.

J’ai été happée par ce récit, tant il est véridique. Parce qu’il est très facile de s’identifier à l’un de ces personnages, parce que ça pourrait arriver chez nous aussi (comme à un certain hypercasher, par exemple), parce qu’on ne sait pas ce que les différentes personnalités peuvent révéler sous la pression et la peur. Parce que beaucoup préfèreront certainement sauver leur peau, et c’est une réaction humaine, l’instinct de survie.

Un roman qui se dévore, un coup de cœur.


2017/23: Tom petit Tom tout petit homme Tom, Barbara CONSTANTINE

Tom a onze ans. Il vit dans un vieux mobil-home avec Joss, sa mère (plutôt jeune: elle l’a eu à treize ans et demi). Comme Joss adore faire la fête et partir en week-end avec ses copains, Tom se retrouve souvent seul. Et il doit se débrouiller. Pour manger, il va chaparder dans les potagers voisins… Mais comme il a peur de se faire prendre et d’être envoyé à la DDASS (sa mère lui a dit que ça pouvait arriver et qu’elle ne pourrait rien faire pour le récupérer), il fait très attention. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, il tombe sur Madeleine (quatre-vingt-treize ans), allongée au milieu de ses choux, en larmes parce qu’elle n’arrive pas à se relever. Elle serait certainement morte, la pauvre vieille, si le petit Tom n’était pas passé par là…

Voici un roman terriblement tendre, doux, léger. Et amusant.

Tous ces personnages qui se télescopent et se lient. Tous sont très attachants, attendrissants, chacun à leur façon, même si l’on a du mal à pardonner parfois certains faux pas ou actions inconsidérées. On tombe très vite sous le charme de ce gamin pas gâté par la vie. Ce petit garçon qui gère sa vie et sa mère comme un grand; qui fait ce qu’il peut pour subvenir à leurs besoins et pour pallier aux manquements nombreux de sa mère. Ce gamin courageux, persévérant et perspicace. Tom qui doit être mûr à la place de sa mère puisqu’elle se conduit comme la gamine qu’elle n’a pas vraiment été.

Un roman d’amitié, dans lequel l’entraide, la solidarité, le soutien priment. Un roman d’amour en somme. Un amour filial et inconditionnel.

Une écriture légère et fraîche, un roman court qui se lit d’une traite. Une jolie découverte, puisque c’est le premier roman de l’auteur que je lis. Il faudra que j’achète les deux premiers.

 

 


2017/22: Vous plaisantez monsieur Tanner, Jean-Paul DUBOIS

Avant d’hériter de la maison familiale, Paul Tanner menait une existence paisible. Mais depuis qu’il a décidé de la restaurer, rien ne va plus! Maçons déments,  couvreurs délinquants, électriciens fous, tous semblent s’être donné le mot pour lui rendre la vie impossible. Chronique d’un douloureux combat, galerie de portraits terriblement humains: le récit véridique d’un chantier infernal, coloré d’une bonne dose d’humour… noir!

Paul Tanner hérite donc de la maison familiale. Il va vendre sa maison pour financer la restauration de celle-ci. C’est le début d’une aventure épique et rocambolesque. Douloureuse aussi.

Moi qui à la recherche d’une maison à rénover, j’avoue que ce genre de récit fait réfléchir… C’est le moins que l’on puisse dire. Ca fait même un peu peur. Je me dis que pourvu que nous n’ayons pas la malchance de tomber sur des énergumènes pareils quand nous aurons enfin trouvé notre maison… Aïe aïe aïe….

Parce que le pauvre Paul, il va en voir de toutes les couleurs! Les différents entrepreneurs vont enchaîner les catastrophes et faire montre d’une mauvaise foi à toute épreuve.

Un petit roman drôle sans non plus être hilarant, mais divertissant. Un bon moment de détente.

 


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