2022/02: La Maison-racines, Anne-France MOSSOUX

la maison-racines

Comme je me sens fatiguée, usée et disgracieuse. Jamais je ne me suis trouvée aussi pitoyable. Je ne suis pourtant pas une vieillarde : pas même quinquagénaire ! Je sais que je ne devrais pas me mettre dans un état pareil. J’essaie de me raisonner, mais c’est plus fort que moi. J’avais pourtant fière allure, avec ma façade arrondie et mon parterre de roses grenat, sur lesquelles tous les passants se retournaient. J’étais toujours impeccable et pimpante. Maintenant, j’ai l’impression que ma vie est derrière moi, que je suis au bout du rouleau de mes ressources physiques et psychiques.

Que vais-je devenir ? Tous ceux qui m’ont chérie sont partis. Quel triste sort ! J’ai si peur de l’avenir. Qui va vouloir de moi ?

Au centre du récit : la maison des grands-parents paternels. Chargée d’objets, d’histoires, de souvenirs, elle est un personnage à part entière et n’hésite pas à prendre la parole. Entre elle et l’autre narratrice, unique petite-fille et dernier maillon vivant de cette branche familiale, s’amorcent un dialogue, un pas de deux et une transformation réciproque. Le récit, qui met aussi en scène une galerie d’humains et quelques chats, s’approche par instants de la frontière entre le monde des vivants et celui des disparus.

Service presse

Voici un roman tout doux, d’une sensibilité à fleur de plume.

Un roman calme, feutré, presque soyeux.

Ariane, après le départ de Mamame, sa grand-mère, en maison de retraite, prend soin de la maison familiale. Il apparaît vite évident que Mamame ne sera plus capable de rentrer chez elle et continuer à y vivre seule, même avec de l’aide. Se pose alors la question: que va-t-on faire de la maison?

Après mûre réflexion, Ariane et son compagnon vont prendre possession des lieux.

Nous découvrons dans les premières pages le contexte de cette passation, ainsi que de la naissance de la maison. Construite en 1954 par le grand-père d’Ariane. C’est marrant, si cette date n’avait pas été précisée, je m’en faisait une image nettement plus ancienne. La façon dont on en parle me donne le sentiment d’un lieu abandonné depuis beaucoup plus longtemps.

J’ai eu cette sensation d’abandon, de vide, de poussière figée dans le temps, avant qu’Ariane ne prenne les choses en main et entreprenne de lui redonner vie. C’est un endroit très encombré, crasseux, plein d’une quantité d’objets amassés au fil du temps par les premiers propriétaires, dont la jeune génération vide cet endroit sans regrets. Ce sont des pans d’histoire familiale qui disparaissent, mais il faut bien qu’Ariane y trouve sa place et puisse y construire sa vie. Le principal est qu’elle en garde l’essence.

C’est un récit à double voix. D’une part la maison, personnifiée, qui livre son ressenti sur ses heures de gloire, sa déchéance et son avenir, mais aussi sur ses occupants. Anne-France Mossoux donne une âme à cette maison, une conscience aigüe de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente, des aspirations de ses habitants.

Et de l’autre, Ariane, qui, à travers cette maison, renoue avec son passé familial.

Je dois avouer que ce récit m’a à plusieurs reprises rappelé à moi aussi mes maisons-racines, celles de mes grands-parents, paternels et maternels, et celle de mes arrières grands-parents. Des instants d’émotions sur des images de ces lieux qui m’ont vue grandir.

Merci beaucoup à L’Harmattan de m’avoir offert ces moments de nostalgie.

 ISBN 978-2-343-21806-9. 152 pages, 15 € (10,99 € en version numérique). Editions L’Harmattan. Commande sur Editions Harmattan


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