2019/26: Dernière fenêtre sur l’aurore, David COULON

  • Editions ActuSF.fr
  • ISBN: 978-2-917689-82-0
  • 247 pages, 8 €
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« Tu n’avais que 18 ans, Aurore. Le bel âge. L’âge horrible où l’on se rend compte qu’il faudra bien mourir, un jour. »
La brigade des mineurs l’a usé. Les morts de sa femme et de sa fille l’ont détruit. A à peine trente-cinq ans, Bernard Longbey n’est plus que l’ombre de lui-même. L’abîme s’ouvre un peu plus sous ses pas quand il se retrouve à enquêter sur l’assassinat d’une jeune .étudiante
La connaissait-il? Et pourquoi un détective privé est chargé de le surveiller, lui? Tout est en place. L’enfer peut se déchaîner. 

Je dis peut être une bêtise, mais il me semble qu’il s’agit du second roman de David Coulon, qui a depuis brillamment récidivé.

Le récit s’ouvre sur la mort d’Aurore Boischel, 18 ans, la gorge tranchée, dans le studio qu’elle louait dans une résidence étudiante pourtant bien tenue de Bois-Joli, en banlieue parisienne. Les policiers de Bois-Joli vont donc hériter de l’affaire… Patrick Belley, appelé sur la scène de crime, a la surprise d’y trouver déjà son collège Bernard Longbey. Patrick, séducteur, homme à femmes, à la forte libido. Bernard, qui pourrait être l’égal de Patrick, s’il n’avait perdu pied suite à la perte brutale de sa femme et de sa fille.L’écriture est incisive, sans détours, sans fioritures. David Coulon nous emmène directement là où il le veut. On y ressent toute la détresse, la colère, la rage et la folie des protagonistes. On ressent leur incompréhension, leurs hésitations, leurs doutes. On ressent la violence, la cruauté, la détermination, le gouffre.

Un roman coup de poing, très bien mené, très bien écrit. Un rythme effréné, les flash-back, l’urgence, la chute, les abysses de la folie. Le récit très noir d’un basculement, d’une rupture, de portes qui se ferment les unes après les autres dans un esprit perdu. 

Un roman sur la jeune Aurore, l’insouciance de la jeunesse, parce qu’à 18 ans, il ne peut rien lui arriver…. Aurore Boischel, dont le père a disparu quelques semaines auparavant. Faut-il y voir un lien? Le meurtre d’Aurore aurait-il un rapport avec cette disparition? La première d’une série de quatre, quatre hommes adultes qui se sont volatilisés, au sujet desquels la police n’a aucune piste.

Un roman sur une équipe de policiers abîmés, désabusés, qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Des hommes en mal d’affection, de compréhension, d’écoute. Des hommes découragés, vidés. Des vies essorées, minées; un tunnel sans fin.

Des protagonistes, qui au bout du rouleau, sur le fil et se raccroche à son job, qui a fini par franchir le point de non retour et flirte avec la démence, se raccroche à la vengeance pour survivre et ne pas sombrer complètement, définitivement.

Longbey, pour qui la violence quotidienne à laquelle il est confronté, ces enfants maltraités qui ne suscitent pas plus d’émoi que cela dans leur entourage, ne passe plus. Il ne supporte plus. Il y a laissé sa vie de famille, il y consacre sa vie. Il ne faudrait pas que cette misère lui prenne aussi la raison.

Enfin, en parallèle, il y a aussi le détective privé, Rudy Poller. Le genre qu’on embauche pour prouver l’infidélité d’un conjoint en vue d’un divorce. Un habitué de la filature. Embauché il ne sait par qui pour surveiller. Une voix au téléphone, des instructions, un virement sur son compte. Des rapports téléphoniques quotidiens.

Un thriller court mais dense, oppressant, angoissant, étouffant. Une ambiance glauque et sinistre. David Coulon y questionne sur la misère sociale, la dépression morbide, le point de rupture psychologique qui entraine un esprit dans ses bas-fonds. Surprenant, mais captivant.



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