Archives de Tag: Trafic

2023/06: Le Manufacturier, Mattias KÖPING

Manufacturier Magnus

19 novembre 1991. La Yougoslavie s’enfonce dans la spirale de la guerre. Des paramilitaires serbes massacrent une famille dans le village d’Erdut, en Croatie. Seul un petit garçon en réchappe. Vingt-cinq ans après, l’avocate Irena Ilić se lance dans la traque de ces monstres sanguinaires.

1er avril 2017. Un double crime abominable a été perpétré contre une femme et son bébé, dont les corps sont retrouvés au Havre. Vladimir Radiche, un capitaine de police sans aucun scrupule, est chargé de l’affaire. Les victimes ont été torturées et assassinées par le Manufacturier, un tueur insane qui vend les films de ses exactions sur son site Internet.

Lorsque les trajectoires de la tenace Irena Ilić et du détestable Vladimir Radiche se croisent, l’insoutenable vérité se fait jour peu à peu. Pris dans un maelström de violence, les deux protagonistes évoluent dans ce que l’humanité produit de plus affreux. Trafics en tout genre, crimes contre l’humanité, assassinats sériels, darknet, sectarismes religieux et haines politiques, les fils peu à peu se rejoignent inexorablement pour tresser la corde qui étrangle le lecteur et le suffoque.

J’étais à une soirée d’anniversaire il y a quelques temps, pendant laquelle je papotais lectures avec un copain. Et d’un coup, il s’emballe: il y a ce livre, le Manufacturier, qu’il faut absolument lire! Mais attention, on n’en sort pas indemne … Vu qu’on a franchement les mêmes goûts niveau littérature, je n’ai pas tardé à aller acheter ce livre.

Et de fait, c’est du lourd. A éviter de mettre entre des mains émotives!
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2019/37: Fantazmë, Niko TACKIAN

  • Editions Le livre de poche
  • ISBN: 978-2-253-23753.2
  • 288 pages, 7,70 €
  • Pour le commander: librairiesindependantes.com, chez ton libraire.

Janvier 2017, Paris, XVIIIe arrondissement. Le corps d’un homme atrocement mutilé est retrouvé dans une cave. Le commandant Tomar Khan pense d’abord à un règlement de comptes. Le genre d’affaire qui reste en suspens pendant des années, se dit-il. Mais voilà, l’ADN relevé sur les lieux a déjà été découvert sur le corps d’un dealer, battu à mort dans une cave lui aussi. Et bientôt une rumeur court dans les quartiers chauds de Paris, celle d’un tueur insaisissable, un Fantazmë, un « spectre » en albanais, qui s’en prend à la pègre.

Avec cette enquête troublante, Tomar Khan plonge dans des zones d’ombre où s’affronteront inévitablement son devoir de policier et ses sentiments d’être humain.

Assan revend des cigarettes de contrebande pour un Algérien qui s’en met plein les poches. Il vient d’entrer dans le métro et attend sa rame. Il remarque alors une silhouette proche de lui, au visage parfaitement camouflé. Les sens d’Assan sont immédiatement en alerte et il tente de s’échapper du métro. Mais l’inconnu est trop rapide…

Tomar Khan et son équipe sont appelés sur une scène de crime, dans les sous-sols d’un immeuble. Un genre de no man’s land consciencieusement évité par les habitants, dans une cave duquel a été retrouvé un corps méconnaissable…

Voici un thriller efficace! C’est très noir. C’est glauque et sordide. L’atmosphère est oppressante. Le rythme est soutenu, on ressent parfaitement les nerfs qui se nouent, la peur, l’angoisse. On voudrait fuir cette angoisse qui nous fait suffoquer. Pousser les murs, les parois du crâne de Tomar, partir vite.

J’ai beaucoup aimé, le récit est prenant, l’intrigue captivante et les personnages attachants. Niko Tackian nous traine dans les bas-fonds parisiens. Et il ne va rien nous épargner… Oui, c’est très violent, mais c’est très bien écrit.

C’est aussi un constat cash et sans concession de notre société. Il aborde beaucoup de choses dans ce roman, de nombreux traumas: les attentats de 13 novembre 2015, les trafics en tous genres, l’esclavagisme moderne, les migrants et les problèmes posés par leur accueil. Il parle du peuple kurde et des atrocités vécues. Il parle de combat pour la dignité et pour la liberté. Il parle de personnes qui ont tout perdu, qui ont vécu l’horreur, qui sont traumatisées, qui n’ont plus grand chose à attendre de l’Autre.

Il parle de vice, de cruauté, d’une violence inouïe. Il parle aussi de maltraitance, de violence conjugale, d’addiction, de résilience. D’une très difficile résilience.

Mais il évoque également une main tendue, une humanité défaillante mais pas irrécupérable, l’espoir. Un combat inégal, un idéal auquel se raccrocher, la possibilité d’une lueur crevant les ténèbres. La possibilité d’un mieux. 


2019/30: Orphelins de sang, Patrick BARD

  • Editions Points Policier
  • ISBN 978.2.7578.2894.6
  • 419 pages. 7,90 €
  • Pour le commander: Amazon, chez ton libraire

On ne compte plus les cadavres à Ciudad de Guatemala. Et quand une femme est retrouvée vivante, c’est son bébé qui a disparu. Excellent sujet d’enquête pour Victor Hugo Hueso, officier des pompiers municipaux qui rêve de devenir journaliste. Loin de là, en Californie, un couple en mal d’enfant tombe sur une annonce attrayante: « Adoptez au Guatemala. Temps d’attente moyen: entre un et quatre mois. »

Nous voici jetés en plein cœur d’un bidonville, à Ciudad de Guatemala. Ses habitants, leur lutte quotidienne pour survivre, la misère, la violence, l’espoir, la peur, …

Au milieu de tout ça, Victor Hugo fait ce qu’il peut, engagé au service communication des pompiers municipaux, qui font ce qu’ils peuvent avec le peu de moyens dont ils disposent. Victor Hugo rêve de devenir journaliste. Mais pour ça, il faudrait qu’il ait un bon sujet à exploiter…

Aux Etats-Unis, Katie et John accusent le nouvel échec d’une nouvelle fécondation in vitro. Rien n’y fait, ils ne seront donc pas parents. Et puis, ils voient cette petite annonce, qui promet une adoption sure, en un temps record. Tout est question de prix…

Encore un thriller glauque à souhait. L’Amérique toute puissante et moralisatrice. L’exploitation de la misère. Cette histoire prend aux tripes. En tant que parents, elle te retourne l’estomac. En tant qu’humain, elle te percute de plein fouet. En aucun cas, elle ne peut laisser indifférent.

L’écriture est sans compromis, incisive, percutante, cash. Le scénario est très réaliste et très efficace. D’autant que l’on sait tous les horreurs qui sont perpétuées dans ces régions miséreuses au bénéfice des Occidentaux aisés.

Un roman noir et dur, qui va ébranler ton petit cœur.


2017/73: Les petites filles, Julie EWA

Bénévole dans une association qui s’occupe d’enfants, Lina est partie poursuivre ses études à Mou di, en Chine. Thomas, lui, enquête pour une ONG sur les disparitions(de petites filles essentiellement) qui sévissent depuis des décennies dans cette région reculée. La jeune femme accepte de lui servir d’espionne sur place. Elle découvre vite les ravages de la politique de l’enfant unique. Mais ses questions vont semer le trouble dans le village. Quand un mystérieux assassin se met à éliminer un à un tous ceux qui semblaient savoir quelque chose, elle se sent prise au piège. Réseaux d’adoption clandestins, mafia chinoise, trafics d’organes, prostitution… Oscillant entre passé et présent, un thriller dépaysant qui nous conduit au cœur d’une Chine cynique et corrompue, où la vie d’une petite fille ne vaut que par ce qu’elle peut rapporter.

Malgré une mise en place quelque peu improbable, voici un très bon thriller.

L’action se passe en deux temps. Il y a Lina, étudiante française qui vient en Chine approfondir ses connaissances, qui va dès son arrivée être alpaguée par le représentant d’une ONG cherchant de l’aide pour enquêter discrètement sur des disparitions inquiétantes de petites filles dans le village de Mou di depuis plusieurs décennies. Elle va donc passer quelques jours dans le village pour tenter d’en apprendre davantage.

D’autre part, en 1991, nous allons faire connaissance avec Sun Tang, l’une des habitantes de Mou di, dont la fille disparaît. Elle va se lancer dans une quête éperdue pour la retrouver.

Le sujet est lourd et très dur puisque Julie Ewa aborde ici le problème du contrôle des naissances en Chine et de la politique de l’enfant unique qui en a découlé. Elle met le doigt sur les excès et les dérives de cette politique dans un pays où le poids des traditions « ancestrales » est écrasant, un vrai fardeau. Elle va nous immerger dans le quotidien on ne peut plus rustique, difficile, oppressant de ce village de la campagne reculée chinoise. Le décalage est énorme entre les villes et les campagnes, et le choc culturel entre la Chine et l’Occident est immense et violent.

Le décalage culturel, comportemental, intellectuel et moral  entre les habitants de Mou di et la jeune française met bien évidemment en exergue les dérives du régime, la corruption, le pouvoir de la mafia et le contrôle qu’elle exerce sur tous les trafics (adoptions illégales, trafics d’organes, prostitution, ventes d’enfants…), la condition particulièrement difficile des Chinoises, ces petites filles dont la naissance n’est pas déclarée au cas où garçon viendrait à naître… Il ne reste plus alors qu’à se débarrasser de la fillette, quand elle n’a pas été vendue, abandonnée ou tuée à la naissance.

Un roman très bien écrit donc, très efficace dont les chapitres courts donnent une lecture fluide et addictive. Un récit parfaitement mené, malgré quelques incohérences et facilités qu’on oublie très vite, et un rythme intense. Une très bonne découverte.

 


2016/51: La mort n’attend pas, Peter JAMES

A 039

Caitlin, 15 ans, est atteinte d’une grave maladie hépatique. Son seul espoir, une greffe de foie de toute urgence. Mais les chances de trouver un donneur sont plus que minces. Terrassée par la nouvelle, sa mère se tourne alors vers internet où tout se vend et tout s’achète… Dans le même temps, un bateau repêche dans la Manche le corps d’un adolescent, une incision suspecte à l’abdomen. Bientôt, deux autres victimes sont découvertes. A des centaines de kilomètres de là, à Bucarest, une généreuse bienfaitrice aide les enfants des rues à quitter le pays, à fuir la misère et à se construire une vie meilleure en Angleterre. Mais ses intentions sont-elles vraiment aussi charitables? Pour certains de ces enfants il est déjà trop tard, pour d’autres pas encore… Le commissaire Roy Grace le sait, il doit faire vite, car la mort n’attend pas!

Le temps de Caitlin, une adolescente de Brighton, 15ans, est compté. Sans une greffe du foie, elle va mourir. Et c’est loin d’être gagné: son groupe sanguin est rare. Cela va compliquer grandement les choses. L’aggravation de son état de santé aussi d’une certaine façon, car même si son cas est très urgent, il faut qu’elle reste une bonne candidate à la greffe pour recevoir ce foie et rester tout en haut de la liste d’attente.

Tu l’auras compris, le 4ème de couv est très explicite, l’histoire tourne autour du trafic d’organes et de la traite de jeunes filles. Des jeunes SDF sont enlevés dans les pays de l’Est pour être revendus en Europe. Il y a les victimes, les coupables, les enquêteurs et des gens comme Caitlin et sa mère, au bout du rouleau, qui finissent par faire le pas de trop.

L’intrigue est bien menée et fonctionne, même s’il y a quelques longueurs et que je n’ai pas réussi me rapprocher de certains des personnages, de Caitlin notamment. Lynn, par contre… Elle est aux abois et est prête à tout pour sauver sa fille, quitte à devenir une criminelle et à être responsable d’un meurtre. En tant de parent, on comprend sa réaction même si bien évidemment on ne la cautionne pas. Que ferions-nous dans un tel cas? Serions-nous plus droits que Lynn? Laisserions-nous mourir notre enfant? On a beau dire que bien que non, on ne ferait jamais une chose pareille, tant qu’on est pas au pied du mur, on ne sait pas ce qu’on serait capable de faire, ou pas. Quel prix accordez-vous à la vie d’autrui quand c’est celle de vos proches qui est en jeu? Cas de conscience.


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