« Le Môme est taré. Le Môme, c’est mon môme, mais ça ne change rien, il est taré. »
Beley est un homme âpre et rugueux, plus prompt à réagir avec violence qu’à réfléchir, qui vit de combines douteuses, souvent foireuses. Jusqu’au jour où l’une d’entre elles le contraint à prendre la fuite. Pourchassé par deux tueurs dont il ignore l’identité et les motivations, il sillonne les routes accompagné de son jeune fils qu’il ne comprend pas et considère comme un fardeau.
Au fil des kilomètres avalés, dans sa vieille bagnole, sans destination précise, il va rencontrer des anges et des démons, et découvrir que son fils en sait bien plus qu’il ne veut l’admettre.
Quel mystère se cache derrière cette course-poursuite haletante ? Que sait réellement le Môme ?
Service Presse
Un road-movie émouvant d’un anti-héros et de son fils autiste. Un roman noir non dénué de poésie et de tendresse. Dixit l’éditeur.
Beley est gardien de nuit et papa de Julien, le môme « taré ». Julien est autiste et ce n’est pas simple tous les jours. D’autant que la patience n’est pas la principale vertu de Beley, surtout quand il n’est pas à jeun. Il n’est pas vraiment méchant, pas complètement con mais totalement salaud. Il n’est pas né sous la bonne étoile. Julien est son boulet.
Beley accepte de participer à un cambriolage facile avec Franck, un collègue de boulot qui n’a pas inventé le fil à couper le beurre … Et en effet, le casse se passe relativement bien, même si Beley a dû emmener Julien avec lui, faute de baby-sitter, endormi dans la voiture.
Mais comme Franck a du mal à lui payer sa part, Beley va aller frapper à sa porte pour réclamer son dû et se retrouve face à un cadavre atrocement mutilé. Dans le même temps, deux hommes se pointent chez lui, demandant à lui parler urgemment. Pas nets.
Donc panique et fuite. Beley prend Julien sous le bras, et se tire vite fait. Alors commence la cavale …
J’ai beaucoup aimé le registre et le style. Le langage est familier. L’histoire est racontée principalement par Beley, et est donc écrite comme Beley cause. Son récit est entrecoupé de chapitres où les personnages secondaires prennent la parole et racontent la part de l’histoire à laquelle ils participent. Cela donne un bon rythme au roman. C’est punchy, plein de rebondissements. On ne s’ennuie pas une minute.
Beley est un personnage truculent, haut en couleur, vindicatif, qui ne faillit pas à sa réputation. Julien est un enfant fragile et très attachant. Et autour d’eux, il y a une galerie de personnages très réussis. Pauline, la nounou, une gamine paumée et pas bien finaude, m’a bien amusée. Et Lucette est formidable!
Cette fuite en avant va permettre à Beley de se rapprocher de son fils, et de le découvrir. Il n’est pas trop tard pour comprendre qu’il n’est pas débile, Julien. Juste différent. L’amour de Beley pour Julien va éclore pendant cette échappée belle. Beley n’a pas connu grand chose d’autre que la violence et les coups fourrés. Il va comprendre le sens de l’attachement, de la filiation, et de la différence. Cet enfant qu’il n’a considéré jusque là que comme une punition va prendre à ses yeux une tout autre dimension.
Stéphane Lavaud met le doigt sur la noirceur, la vénalité, la vacuité de certains comportements. Sur l’horreur de certaines enfances. Sur la violence quotidienne, une société où des moeurs déviantes ne choquent plus personne. Sur la difficulté à se construire, à survivre. Sur le poids de l’héritage familial. Sur le poids du jugement et du regard de la société, lourd, parfois vicié.
Il y a de l’humour, un peu d’amour, un peu de cervelle, du sang, beaucoup d’action. J’ai beaucoup aimé la plume, franche et directe, parfois crue, parfois plus fine. Stéphane Lavaud maîtrise très bien l’exercice.
Un bon polar, entre polar et thriller plutôt! Ce roman est un vrai page-turner et je remercie vivement son auteur de me l’avoir confié.
EAN 9782383552505. 230 pages. 18,00 €. Editions Merci les livres.
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