2017/60: Profession du père, Sorj CHALANDON

Mon père disait qu’il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider. Je n’avais pas le choix. C’était un ordre. J’étais fier. Mais j’avais peur aussi… A 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet.

Un roman lu d’une traite. Une vraie claque.

J’avais déjà beaucoup aimé son écriture avec Le quatrième mur, cela se confirme ici. Sorj Chalandon a une plume acérée, déchirante.

Voici un récit lourd, difficile, brutal mais bouleversant.

Emile ne sait pas quoi écrire sur le feuillet de l’école qui demande la profession du père. Parce que son père, il a fait plein de choses. Son père est un héros. Mais les choses ont basculé et son père est entré dans la clandestinité… Il écrira donc « Sans » (profession). Et Emile va nous narrer ce qu’a été son enfance au côté de ce père pas comme les autres, qui entraîne sa famille dans la longue descente autodestructrice qu’est sa folie. Quant à la mère, elle est complètement dans le déni et le renoncement. Un récit grandement autobiographique, si j’ai bien compris. Ca fait froid dans le dos.

Un roman très fort, le témoignage d’un enfant innocent prêt à tout par amour pour son père, le témoignage d’un homme qui a survécu à son enfance et à l’enfer de son père. Qui est parvenu à guérir de la folie de son père, de l’indifférence de sa mère et des affres de cette terrible enfance.

 


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